En Avril, apprenons à défendre la nature avec notre assiette
À partir du 04/04/2023
La biodiversité, vous en entendez parler, mais quel rapport avec votre alimentation ? Quel impact sur vous ? Que peut-on faire au quotidien ? Les abeilles, les coquelicots, vous en voulez aussi, mais vous vous sentez impuissants ? Et si on vous prouvait que le pouvoir, c’est vous qui l’avez. On vous explique tout !
Pourquoi dit-on que nous faisons face à une extinction massive de la biodiversité ?
Nous connaissons environ 2 millions d’espèces vivantes, humains et micro-organismes compris. Mais les chercheurs estiment qu’il y en aurait près de 20 millions, près de 300 000 espèces végétales, plus de 600 000 espèces de champignons et de moisissures et plus de 27 000 espèces d’algues.* De tels chiffres donnent le tournis alors pourquoi s’inquiéter de la disparition de "quelques-unes" d’entre elles ? Car celle-ci se fait à vitesse grand V, ne laissant pas le temps aux écosystèmes de s’adapter. Le taux d’extinction actuel des espèces vivantes se fait à un rythme 100 à 1000 fois supérieur au taux naturel.**
Or tout est question d’interdépendance. L’abeille qui vous dérange au pique-nique dominical est indispensable à celui-ci. Prédation, mutualisme (comme la symbiose plantes-champignons), pollinisation (essentielle à 84 % des cultures en Europe), parasitisme ; si ces bêtes, plus ou moins petites, se servent parfois dans nos cultures, elles y apportent de nombreuses contreparties en servant d’« auxiliaires »… à condition qu’on leur fournisse une terre riche, où se nourrir et habiter.
*Le Monde avec AFP, "Près de 8,7 millions d'espèces vivantes peuplent la Terre". **www.biodiversite.gouv.fr
Quels sont les principaux facteurs de cette chute de la biodiversité ?
D’où vient ce processus ? La faute à la surexploitation des ressources naturelles, à l’agriculture intensive, qui, pour produire toujours plus, nécessite une spécialisation des cultures et élevages. Aujourd'hui, 75% de l’alimentation provient de 12 espèces végétales (les plus consommées étant : canne à sucre, maïs, riz, blé, soja, pomme de terre, manioc, betterave à sucre, palmier à huile), et de 5 espèces animales. Sur 80 000 espèces comestibles, seulement 50 assurent 90% de l’alimentation. On comprend aisément que si l’une de ces espèces venait à disparaitre c’est tout un équilibre précaire pour l’alimentation de plus de 8 milliards d’humains qui tomberait.
Pour assurer des rendements toujours plus élevés, l’indispensable recours aux produits chimiques de synthèse a pour objectif direct la destruction d’une partie de cette biodiversité. Les pesticides (herbicides, insecticides, fongicides) faits pour tuer les « mauvaises herbes », insectes et champignons se retrouvent alors jusque dans les nappes phréatiques qu’ils polluent.
La faute aussi à la disparition des espaces naturels transformés en lotissements, routes, etc. (près de 30 000 hectares disparaissent par an en France). Mais aussi aux importations, dont le cacao, le café, l’huile de palme, qui sont souvent issus de la déforestation, facteur d’aggravation du changement climatique qui entraine un dérèglement des écosystèmes.
Partagé très largement en 2022 à la COP15 de la Biodiversité, ce constat et son urgence sont désormais reconnus de tous.
L’agriculture bio-logique diversifiée : notre meilleure chance !
Les agriculteurs bio se servent du bon sens de la nature : ils nourrissent les végétaux principalement avec l’écosystème du sol ; pratiquent la rotation et la diversification des cultures ; couvrent les sols avec des cultures intermédiaires ou encore développent les bandes enherbées. Ces actions protègent la biodiversité, pour bénéficier en retour de ses bienfaits. Il existe d’autres principes indispensables en agriculture pour maintenir et recréer une biodiversité bénéfique pour notre système alimentaire.
Diversification des cultures
Le sarrasin, le chanvre, la cameline, les légumes secs… Vous ne voyez pas à quoi cela ressemble ? Normal. Même en sillonnant largement les routes de France, vous tomberez principalement sur des champs de blé, d’orge et de maïs. C’est ce que l’on appelle « cultures oubliées », ou « mineures ». Elles représentent moins de 1% des surfaces agricoles utiles en France. Diversifier les cultures permettrait pourtant d’augmenter la biodiversité des sols… et donc leur fertilité. Les légumineuses, par exemple, fixent dans le sol l’azote de l’air, permettant de remplacer les engrais. Prenons aussi le cas de l’avoine et du sarrasin qui agissent comme des herbicides en « nettoyant » les sols.
Les semences, un enjeu fondamental.
Avec le développement de l’agriculture intensive, de gros acteurs de l’industrie semencière ont fait des semences leur monopole. Face à eux, des réseaux sont entrés en résistance en promouvant des semences anciennes dont certaines espèces sont propices à la biodiversité grâce à une meilleure adaptabilité au climat. Ces semences, dites « paysannes », ne sont pas inscrites au Catalogue officiel des variétés et donc les agriculteurs n’ont, en théorie, pas l’autorisation de les utiliser.
Bonne nouvelle cependant, la commission européenne a enfin statué sur la production et la commercialisation du matériel de reproduction, « matériel hétérogène biologique » (MHB). Il s’agit d’une nouvelle catégorie juridique*** qui vise à donner accès aux agriculteurs bio, dès 2022, à des semences de populations plus hétérogènes, échappant à l’obligation d’enregistrement au registre officiel. La forte diversité génétique induite par cette nouvelle catégorie, devrait permettre l’adaptation à de nombreux terroirs et aux aléas climatiques.
*** définie au sein du nouveau règlement européen de l’Agriculture Biologique n°2018/848 entrera en vigueur le 1er Janvier 2022.
Une solution protectrice de la biodiversité : l’agroforesterie.
Le principe est ancestral : il s’agit de planter des arbres pour protéger les cultures et améliorer la circulation de l’eau en sous-sol. Les plus anciens se souviennent encore des haies et talus qui jouaient autrefois ce rôle. Arrachés depuis pour laisser passer les engins agricoles de plus en plus gros, ils ont été remplacés par du drainage artificiel.
Alimentation diversifiée, biodiversité préservée
En quoi nous, simples consommateurs, très éloignés, pour beaucoup, des métiers de l’agriculture, pouvons-nous participer à ce mouvement de protection de la biodiversité ?
En prenant conscience, tout d’abord, que nous faisons reposer notre alimentation sur une part très faible de ce qu’a pourtant à nous offrir la nature, et donc que ce que nous consommons influe directement sur nos chances de survie alimentaire.
En cessant de suivre les standards actuels, nous pouvons mettre plus de diversité dans nos assiettes. Double effet positif à ce changement : nous équilibrons nos apports nutritionnels (plus de légumineuses, riches en protéines) et nous encourageons les paysans à produire des cultures alternatives.
Privilégions aussi les aliments bio non industriels, produits sans pesticides chimiques de synthèses. Et enfin : privilégions le local, évitons les ingrédients importés, d’autant plus si on ne connait pas leurs conditions de fabrication.
Biocoop, militant pour la biodiversité depuis toujours
Fondé par des personnes qui ont anticipé cette chute de la biodiversité avant d’en constater les conséquences, le réseau Biocoop se pose depuis toujours en défenseur d’une agriculture bio paysanne. Il œuvre pour la diversité génétique des cultures : relocalisations, refus des OGM, promotion des variétés anciennes comme les tomates ou les blés, etc.
Afin de communiquer auprès des consommateurs, la Coopérative a choisi de défendre le Planet Score, affichage environnemental qui tient compte, entre autres, de l’impact des produits alimentaires sur la biodiversité.
Un exemple concret : le café de forêt d’Ethiopie
Biocoop donne toujours la priorité au commerce équitable pour les produits exotiques afin de lutter contre la déforestation. Le commerce équitable garantit aux producteurs des prix stables et rémunérateurs pour vivre dignement de leur travail et adopter des modes de production écologiquement responsables.
Le café de forêt d’Ethiopie à marque Biocoop est issu de l’agroforesterie. Les caféiers poussent dans un écosystème exceptionnel, à l’ombre d’espèces anciennes d’arbres. Ces derniers favorisent la fertilité des sols et régulent le climat. Découvrez en vidéo notre filière, une opportunité exceptionnelle de voir d’où vient votre café du matin et d’en apprécier encore plus ses notes de fruits rouges, et sa rondeur épicée en fin de bouche.
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